Série hivernale 4/4 – Questions à l’UCI sur le dopage technique
18. février 2019

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Qu’est-ce que le dopage mécanique et comment lutter contre la fraude technologique ? Nous nous sommes entretenus avec Jean-Christophe Péraud, ancien coureur et chef du département « Technologie et lutte contre la fraude technologique » de l’UCI.

Tour de Suisse:Qu’entend-on généralement par « dopage mécanique » et quelles sont les techniques connues ?
Jean-Christophe Péraud : Dans le cas de la fraude technologique, une aide extérieure est installée pour propulser le conducteur. Ce type de fraude implique généralement un moteur auxiliaire qui aide le conducteur à pédaler.

TdS: Dans les médias sociaux, il y a toujours des extraits de vidéos dans lesquelles des cyclistes sont tombés et leurs roues arrière continuent de tourner comme par magie. S’agirait-il vraiment de cas de « dopage mécanique » ?
UCI:Naturellement, une roue doit tourner. Normalement, ces images peuvent s’expliquer par la puissance d’inertie. Mais nous devons rester vigilants et veiller à ce que notre sport reste équitable.

TdS:Quelles mesures l’UCI a-t-elle généralement prises contre le « dopage mécanique » ?
UCI:Depuis 2018, nous utilisons la technologie des rayons X. Cette méthode a été choisie en complément du magnétomètre introduit en 2016. Nous pouvons donc vérifier les performances et, entre autres, contrôler les gagnants. Le principe reste le même que pour les contrôles antidopage. Nous voulons protéger l’image des athlètes et de notre sport.
Nous avons également prévu une technologie de suivi magnétique afin que tous les vélos puissent être contrôlés pendant toute la course. Nous espérons qu’avec cette technologie, qui atteindra bientôt la phase de développement du prototype, nous pourrons enfin dissiper les doutes sur notre sport.

TdS: Comment l’UCI effectue-t-elle les tests lors de courses du WorldTour comme le Tour de Suisse ?
UCI:Nous utilisons actuellement deux types de technologie dans les courses du WorldTour : La solution radiologique déjà mentionnée pour garantir des résultats fiables, mais aussi des examens par résonance magnétique par tablette pour vérifier de manière aussi complète que possible. Grâce à cette technologie, la plupart des vélos de la course peuvent être contrôlés dès le départ.

TdS:Quelles manipulations techniques peuvent être détectées grâce à ces tests ?
UCI:Les rayons X peuvent détecter tout élément à l’intérieur de la bicyclette. La résonance magnétique permet l’inspection des éléments ferromagnétiques. La plupart des moteurs électriques sont ferromagnétiques et peuvent donc être détectés. La technologie de suivi magnétique prévue peut détecter un moteur quelle que soit sa technologie.

TdS: Combien et quels vélos sont testés ?
UCI:Si une machine à rayons X est disponible, le ou les vélos du gagnant sont testés. Les conducteurs sont également soumis à ce contrôle au hasard. En général, nous contrôlons une dizaine de vélos grâce à cette technologie. Notre véritable objectif est toujours de faire en sorte que le gagnant soit crédible. Grâce à la technologie des tablettes magnétiques, nous pouvons contrôler plus de 200 vélos au début de la course. Pendant le Tour de France, nous avons effectué 2852 contrôles avec le magnétomètre et 164 contrôles aux rayons X. Voir communiqué de presse.

TdS: Quand les vélos de course seront-ils testés ?
UCI:Le magnétomètre est parfois utilisé au départ et parfois à l’arrivée, tandis que les rayons X sont utilisés exclusivement à l’arrivée.

TdS: Comment l’UCI peut-elle s’assurer que les vélos testés sont les mêmes que ceux que les cyclistes ont utilisés pendant la course ? Qu’ils n’ont pas été remplacés ?
UCI:Le commissaire aux preuves vidéo, qui a été introduit en 2018, et tous les commissaires de la course ont le champ libre en vue. L’échange suspect de vélos est particulièrement surveillé. Le matériel suspect peut être marqué afin qu’un contrôle puisse être effectué sur la cible.

TdS:Quelles sanctions peuvent être imposées en cas d’infraction ?
UCI:Les articles suivants du Règlement UCI concernent la fraude technologique :

1.3.010
Quiconque se soustrait à un contrôle matériel, ne le permet pas ou entrave le travail du commissaire ou de tout autre organe compétent effectuant un contrôle sera sanctionné comme suit : Conducteur ou autres membres de l’équipe : suspension d’un mois à un an et/ou amende entre 1 000 et 100 000 CHF. (…)

12.1.013 a
La fraude technologique est une violation de l’article 1.3.010. a (…)La présence d’un vélo non conforme aux dispositions de l’article 1.3.010 pendant ou en marge d’une épreuve cycliste constitue une fraude technologique de la part du coureur et de l’équipe ou de toute autre entité représentée par un coureur, que le vélo ait été utilisé ou non pendant la compétition.
Le conducteur en question sera sanctionné comme suit : disqualification, suspension d’au moins six mois et amende comprise entre 20 000 et 200 000 francs suisses.
Sauf cas exceptionnel, l’équipe du conducteur ou toute autre unité représentée par le conducteur sera sanctionnée comme suit : disqualification, suspension d’au moins six mois et/ou amende entre 100’000 et 1’000’000 CHF.
En outre, tout acte ou omission d’une personne ou d’une entité soumise au règlement de l’UCI qui autorise, incite ou facilite une fraude technologique, la dissimule ou aide intentionnellement la Commission de toute autre manière à commettre une fraude technologique sera puni d’une suspension d’au moins six mois et d’une amende comprise entre 5 000 et 200 000 francs suisses.
Dans des cas exceptionnels, les montants des amendes infligées peuvent différer des limites ci-dessus.

TdS: Y a-t-il eu un autre cas de « dopage mécanique » dans le cyclisme qui a été mis au jour – à part le cas de la cycliste du championnat du monde de cross U23 ?
UCI:Il n’y a eu aucun cas confirmé depuis cet événement. Les affaires qui ont été médiatisées ont été découvertes lors d’événements nationaux non gérés par l’UCI. Cela montre que la lutte doit aussi inclure les compétitions des niveaux inférieurs. Nous réfléchissons donc à la question de savoir si nous devons fournir aux associations nationales une méthode technologiquement et économiquement mature.

TdS: Comment les pilotes et les équipes ont-ils réagi à vos tests ?
UCI:Les coureurs et les équipes sont conscients qu’il s’agit de protéger leur crédibilité et la réputation de notre sport. Ils sont donc coopératifs en termes de stratégie et de ressources.

TdS:Merci beaucoup pour la présentation de Jean-Christophe Péraud.

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